Petit aparté dans le récit de ce conte particulier… L’épisode de la dernière fois a fait remonter des souvenirs enfouis, de ceux qui vous forment, vous construisent et vous définissent. Enfant, il m’arrivait souvent de me réveiller la nuit avec une sensation étrange, un besoin de serrer mes cuisses fortement l’une contre l’autre, pour déclencher un plaisir dont j’ignorais la raison. C’était bon, même si je sentais que cela n’aurait rien d’innocent aux yeux des autres et qu’il fallait que je garde ce secret pour moi. Ce furent mes premiers émois, mes premiers contacts avec le plaisir, le début d’une quête qui me suivrait toute ma vie et orienterait nombre de mes choix.
Plus tard, enfant solitaire avec ses Barbie, je créais des scénarios dignes de films porno. D’où me venaient ces idées ? Je n’en sais rien. Mais il était évident que j’avais une propension certaine aux choses du sexe. Alors que j’inventais des histoires de parties de jambes en l’air débridées, des gang bang où Barbie se trouvait dans des positions aussi sordides qu’excitantes, je m’imaginais en déesse sexuelle, m’adonnant à des pratiques qui, quelques années plus tard, m’horrifieraient avant de faire partie de mes habitudes.
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été attirée par les hommes. A la maternelle, je montrais ma chatte toute jeune à mes copains et regardais, avec beaucoup de curiosité, cet appendice qu’ils avaient et qui m’était alors étranger. Alors que je ne pouvais imaginer me retrouver les fesses à l’air sur la plage, l’idée de me dénuder devant mes amis (toujours des garçons) ne me posait aucun problème.
En grandissant, les images érotiques m’apparurent de plus en plus attirantes. Je me souviens d’un téléfilm qui s’appelait Les reines de la nuit. L’histoire de prostituées. Ce monde m’émerveillait tant que j’annonçai à mes parents que c’était le métier que je voulais faire plus tard. Malaise…
Cela ne fit pas de moi l’une de ces adolescentes qui couchent ici et à pour autant. Bien au contraire : je vivais dans mon imaginaire, je me projetais dans des histoires qu’il m’était impossible de raconter, je fantasmais beaucoup… Trop… Je fréquentais beaucoup de garçons mais rien ne se passait jamais. Je parlais avec eux, écoutais leurs histoires, les conseillais pour mener à bien leurs relations amoureuses et leurs coups d’un soir. J’étais la traîtresse de la cause féminine, m’amusant de voir les filles se laisser avoir aussi facilement. Et lorsque je pensais à la fellation, à la sodomie, je me répétais que jamais je ne ferais ça. Jamais… Si j’avais su…
Puis un jour tout se déclencha. Je n’avais jamais embrassé un garçon, mais lorsque ça me tomba dessus, ma vie changea en un clin d’œil. Très vite j’eus un premier copain. Alors que mon premier baiser ne mena à rien de plus, le garçon avec qui je sortis après pu poser ses mains sur moi. Le suivant pu toucher mes seins. Le quatrième me trouva moins farouche et je le laissai insérer un doigt en moi, me faisant découvrir des sensations qui ne furent pas sans m’émoustiller. J’en voulais plus. Et c’est au cinquième que je me suis donnée. Moins d’un an s’était écoulé depuis mon premier baiser et je découvris l’orgasme.
Ce qui est étrange, c’est que lorsque je touchai son sexe pour la première fois, j’eus l’impression d’être en terrain connu. Sa forme, sa douceur, sa raideur, tout cela me semblait si facile, si familier… Cette bite était comme un objet familier, la branler était d’un naturel déconcertant. Je m’en étonnai d’ailleurs dans la ours qui suivirent : comment cela pouvait-il faire partie de moi alors que c’était la toute première fois ? Cette sensation m’était apparue quelques mois avant, avec le deuxième. Nous nous étions retrouvés alors que je sortais avec son successeur. Nous avons fini par nous embrasser et de fil en aiguille nous nous sommes retrouvés allongés par terre. Assise sur lui, je frottais mon pubis contre le sien. Nous étions habillés, mais à un moment il gémit et m’annonça qu’il avait joui. Je ressentis alors une espèce de pouvoir : le sexe était une arme et je savais m’en servir.
Mon premier amant avait été dépucelé par une amie de sa mère. Elle lui avait appris que son seul plaisir n’était pas le but, qu’il fallait partager, que le plaisir de sa partenaire était tout aussi important. Ce fut une chance pour moi car quand vint le moment il prit le temps. Le temps de m’exciter, le temps de me faire mouiller suffisamment pour faciliter la pénétration de son sexe en moi, le temps de me regarder, de m’écouter et de bouger en fonction de moi.
Ce moment reste gravé dans ma mémoire. Je n’ai ressenti aucune douleur, aucun malaise. M’abandonner à ce mâle dominant qui entrait en moi et déclenchait un plaisir qui m’était encore inconnu jusque-là. La pénétration, douce, délicate, ouvrit ma chatte qui accueillait ce sexe dressé comme une offrande. J’étais étroite comme le sont les vierges, mais suffisamment détendue pour que rien n’empêche mon amant d’entrer profondément en moi. Il le fit lentement, sans me brusquer. Attentif à mes sensations, il fit durer le plaisir, un plaisir que j’apprécie encore aujourd’hui : me faire pénétrer au ralenti, de façon à sentir chaque millimètre du contact entre nos deux sexes, à ressentir chaque seconde du mouvement. Ce moment d’excitation intense lorsque le bout du sexe entre dans ma chatte, ouvrant mes lèvres. Une fois à l’intérieur, il n’y a plus aucune résistance, même minime, mais le vit ne s’enfonce pas d’un coup, au contraire : il explore, il hésite, s’arrête avant de reprendre son chemin en moi jusqu’à atteindre le fond de mon ventre. C’est là que j’exulte ; un plaisir inouï lié à cette sensation d’être possédée, d’appartenir à un envahisseur bienvenu.
En quelque semaines, je me découvris des fantasmes dont je lui fit part : l’ascenseur, la douche, rien que de très sage à l’époque, mais qui laissait entendre que je ne m’arrêterais pas en si bon chemin. Un univers rempli de promesses s’ouvrait à moi et j’entendais bien en profiter. J’étais en demande, même si une certaine pudeur m’empêchait encore de tout dire, d’avouer mes envies. Je résistais à ma nature tout en sentant que je basculerais inévitablement dans des choses plus crues, plus animales. Ma véritable nature ne demandait qu’à s’exprimer. La recherche du plaisir allait me faire vivre de nombreuses expériences, mes seules limites étant celles de mon plaisir et de mes désirs. Je pensais les connaître, j’allais découvrir qu’elles pouvaient être repoussées…